*

Los paraguas de Buenos Aires

(Les propos recueuillis ci-dessous sont tirés de "Los tango de Piazzolla y Ferrer, 1967-1971 , Quereme asi piantao, Ana Sebastian, Ediciones Continente")

Contexte

Dans son séjour à Paris, Ferrer fait la connaissance de plusieurs artistes latino-américains dont Antonio Segui Peintre Argentin (toujours en vie). Il est interpellé par son style.

De retour à Buenos Aires, dans une après-midi d’automne, depuis son balcon, Ferrer observe un orage qui arrive sur la ville. Le ciel s’assombrit, les passants pressent le pas, ils sortent leur parapluie… Parti dans son imaginaire et dans la chronologie d’une ancienne histoire d’amour, marquée par la pluie comme par des saisons, il écrit los Paraguas de Buenos Aires. A posteriori, il dit que son texte s’inscrit dans l’esthétique naïve des peintures de Segui.


Segui Segui



Los paraguas de Buenos Aires


Está lloviendo en Buenos Aires, llueve,
y en los que vuelve a sus casas, pienso,
y en la función de los teatritos pobres
y en los fruteros que a lluvia besan.

Pensando en quienes ni paraguas tienen,
siento que el mío para arriba tira.
"No ha sido el viento, si no hay viento", digo,
cuando de pronto mi paraguas vuela.

Y cruza lluvias de hace mucho tiempo:
la que al final mojó tu cara triste,
la que alegró el primer abrazo nuestro,
la que llovió sin conocernos, antes.

Y desandamos tantas lluvias, tantas,
que el agua está recién nacida, ¡vamos!,
que está lloviendo para arriba, llueve,
y con los dos nuestro paraguas sube.

A tanta altura va, querida mía,
camino de un desaforado cielo
donde la lluvia en sus orillas tiene
y está el principio de los días claros.

Tan alta, el agua nos disuelve juntos
y nos convierte en uno solo, uno,
y solo uno para siempre, siempre,
en uno solo, solo, solo pienso.

Pienso en quien vuelve hacia su casa
y en la alegría del frutero
y, en fin, lloviendo en Buenos Aires sigue,
yo no he traído ni paraguas, llueve, llueve.

Il pleut...
Il pleut à Buenos Aires, il pleut
Et je pense à ceux qui rentrent chez eux
Aux prestations des petits théâtres pauvres (artistes rue )
Et aux vendeurs de fruits que la pluie embrasse

En pensant à ceux qui n’ont même pas de parapluie
Je sens que le mien (me) tire vers le haut
Je sais que ce n’est pas le vent, car il n’y a pas de vent, je me dis
Quand tout à coup mon parapluie s’envole

Je traverse des pluies d’il y a très longtemps,
Qui finalement ont mouillé ton visage triste
Celles qui ont réjouit notre première étreinte
Celles qui existaient avant qu’on ne se connaisse

On rebrousse chemin sur tellement de pluies
Qu’on arrive à la création de l’eau (retour en arrière de la vie , naissance )
Parce qu’il est en train de pleuvoir à l’envers vers le haut
Et avec nous deux nos parapluie s’envolent

On va tellement haut , mon amour
Sur le chemin d’un ciel essoufflé, désordonné (création ciel)
Ou la pluie trouve ses limites
Et elle arrive à la lisière des jours clairs

On est tellement haut que l’eau nous dissout ensemble
Et on se transforme en un seul.
Et seulement en un pour toujours.

Je pense à ceux qui rentrent à la maison,
Et dans la joie du marchand de fruit
Et finalement il continue de pleuvoir sur Buenos Aires
Je n’ai même pas pris mon parapluie

Il pleut Il pleut