*

Balada para un loco

(Les propos recueuills ci-dessous sont tirés de "Los tango de Piazzolla y Ferrer, 1967-1971 , Quereme asi piantao, Ana Sebastian, Ediciones Continente")

Contexte

Après avoir composé Maria de Buenos aires ainsi que d'autres tangos très inspirés mais seulement reconnus par une maigre part d'intellectuels, Piazzolla dit un jour à Ferrer: "Je suis sûr que toi et moi, nous pouvons avoir un grand succès commercial, mais avec une oeuvre d'une haute exigence autant musicale que poétique."
Quelques mois après, l'occasion se présente pour démontrer cette conviction. En effet, la mairie porteña organise le premier Festival de Buenos Aires de la chanson et de la danse. Parmi le jury, Vinicius de Moraes, Chabuca Granda, Armando Garrido.
Ferrer et Piazzolla se mettent tout de suite au travail et réalisent "Balada para un loco". Quelques jours avant le festival, Amelita et le quinteto Piazzolla l'interprètent en avant première au Michelangelo. Mais le succès, n'est pas celui escompté. Le public parle, tourne le dos à la scène et pour comble, aucun applaudissement ne retentit à la fin de la chanson.

Le matin suivant, Piazzolla dépité, propose à Ferrer de retirer l'oeuvre du concours. Ferrer, conviant et convaincu de sa valeur rétorque que la chanson n'a pas eu de succès car il lui manque une fin. C'est alors que Piazzolla ajoute le final "Viva, viva, via... loco el y loca yo!".
Pendant les répétitions du festival, l'exécution de ce morceau est suivi systématiquement par une adésion hypnotique ou un rejet catégorique.
Le jour du festival, en se rendant sur les lieux, Piazzolla dit à Ferrer: "Che...Duende (surnom que Piazzolla donne à Ferrer), demain même tu te rends dans une imprimerie et tu te fais faire une carte de visite et tu y fais écrire: Horacio Ferrer auteur de Balada para un loco. Cela va te rendre service durant toute ta vie."
Durant la première semaine de la sortie du disque contenant "Balada para un loco" face A "Chiquilin de Bachin" face B, 200 000 exemplaires sont vendus. Ainsi Horcio et Astor perdent le concours de la mairie, mais gagnent celui de l'histoire du Tango en révolutionnant son esthétique.

Balada para mi muerte

Illustration: Mora Digiovanni


Balada para mi muerte


Recitado

Las tardecitas de Buenos Aires tiene ese qué sé yo, ¿viste?
Salgo de casa por Arenales, lo de siempre en la calle y en mí,
cuando de repente, detrás de ese árbol, se aparece él,
mezcla rara de penúltimo linyera y de primer polizonte en el viaje a Venus.
Medio melón en la cabeza, las rayas de la camisa pintadas en la piel,
dos medias suelas clavadas en los pies,
y una banderita de taxi libre en cada mano... Ja...ja...ja...ja...
Parece que sólo yo lo veo, porque él pasa entre la gente
y los maniquíes le guiñan, los semáforos le dan tres luces celestes
y las naranjas del frutero de la esquina le tiran azahares,
y así, medio bailando, medio volando,
se saca el melón, me saluda, me regala una banderita y me dice:

Cantado

Ya sé que estoy piantao, piantao, piantao,
no ves que va la luna rodando por Callao
y un corso de astronautas y niños con un vals
me baila alrededor, baila, veni, vola.
Ya sé que estoy piantao, piantao, piantao,
yo miro a Buenos Aires del nido de un gorrión;
y a vos te vi tan triste; vení, volá, sentí,
el loco berretín que tengo para vos.
Loco, loco, loco, cuando anochezca en tu porteña soledad,
por la ribera de tu sábana vendré,
con un poema y un trombón, a desvelar tu corazón.
Loco, loco, loco, como un acróbata demente saltaré,
sobre el abismo de tu escote hasta sentir
que enloquecí tu corazón de libertad, ya vas a ver.

Recitado

Y así el loco me convida a andar
en su ilusión súper-sport,
y vamos a correr por las cornisas
con una golondrina por motor.
De Vieytes nos aplauden: Viva, viva...
los locos que inventaron el amor;
y un ángel y un soldado y una niña
nos dan un valsecito bailador.
Nos sale a saludar la gente linda
y el loco, loco mio, qué sé yo,
provoca campanarios con su risa
y al fin, me mira y canta a media voz:

Cantado a media voz

Quereme así, piantao, piantao, piantao...
trepate a esta ternura de loco que hay en mí,
ponete esta peluca de alondra y volá,
volá conmigo ya:vení, vola senti!
Quereme así piantao, piantao, piantao,
abrite los amores que vamos a intentar
la maágica locura total de revivir,
vení, volá, vení, tra...lala...lara...


Viva, viva, viva!!!!!
Locos, locos , locos,
Loco el y loca yo!
Récité

Les après-midi de Buenos Aires ont un je ne sais quoi, vois-tu?
Je sors de chez moi, par Arenales, comme d'habitude
Quand soudain, derrière cet arbre, il apparait
Mélange étrange d'avant-dernier vagabond et
de premier polission dans le voyage à Venus.
Un demi melon sur la tête,
les rayures de la chemise peintes directement sur sa peau,
Deux demies-semelles clouées sur les pieds et
un petit drapeau "Taxi libre" brandi dans chaque main
Il semblerait que je soie la seule à le voir, car il passe entre les gens,
Les mannequins lui font de l'oeil, les feux lui donnent trois lumières turquoises
Et les oranges des étalages, lui lancent des fleurs parfumées.
C'est ainsi, que mi-dansant et mi volant
Il s'enlève le melon de la tête, il me salue,
m'offre un des petits drapeau et me dit:

Chanté

Je sais que je suis fou, fou, fou
Tu ne vois pas que la lune roule sur Callao (nom d'une rue de BA)
Qu'une armée d'astronautes et des enfants, font une ronde au tour de moi
en dansant une valse, danse, viens, vole
Je sais que je suis fou, fou, fou
Je regarde Buenos Aires depuis le nid d'un moineau
Et je t'ai vu si triste; viens, vole, sens
La cantilène folle que j'ai pour toi.
Fou, fou, fou, quand la nuit tombe sur la solitude porteña
Je viendrai sur la rivière de tes traps
Avec un poème et un trombonne pour dévoiler ton coeur
Fou, fou, fou, comme un arobate dément, je sauterai
sur l'abîme de ton décolleté , jusqu'à sentir
que ton coeur est devenu fou de liberté, tu verras...

Recitado

Et c'est ainsi que le fou, m'invite sur son espoir super-sport
et nous courrons sur les goutières
avec une hirondelle dans le moteur
De l'asil de fous, on nous applaudi. Vive! vive!
Les fous qui inventèrent l'amour
Et un ange, un soldat et une fillette
Nous donnent une petite valse rieuse.
Les gens nous saluent, tellement chous
Et le fou, mon fou, que sais-je
Il provoque des clochers avec son rire
Et à la fin, il me regarde et chante à demie-voix.

Chanté sottovoce

Aime-moi comme ça, fou, fou, fou
Grimpe à cette tendresse de fous qui est un moi
Porte cette perruque d'alouettes et vole
Vole avec moi: viens, vole, sens!
Aime-moi comme ça, fou, fou, fou
Ouvre tes amours et essayons
La folle magie totale de revivre ,
Viens, vole, sens, traila la la la la


Vive, vive, vive!!!!!
Fous, fous, fous,
Fou lui et folle moi!